Avec 19 races en conservation et plus de 200 animaux reproducteurs, l'écomusée est une véritable arche de Noé pour la biodiversité domestique bretonne et une « vitrine » pour ce patrimoine exceptionnel.
Conséquence de l’intensification de la production agricole des années 1950, les anciennes races locales ont décliné au point d’en voir certaines rayées de la carte à tout jamais. Faute de performances extraordinaires, ces anciennes races locales ont été « sacrifiées » au profit de quelques-unes plus productives. Ainsi ont disparu la poule Noire de Janzé et la vache Bretonne Pie Rouge.
« Façonnés », sélectionnés par les éleveurs durant des siècles, les animaux domestiques se sont adaptés à un milieu, à un terroir ou à un usage ! Leurs caractéristiques (rusticité, prolificité…) constituent un véritable réservoir génétique pour demain. Reflets des pratiques de notre société, ces races sont intimement liées à notre patrimoine culturel en contribuant à la diversité gastronomique et ethnologique du territoire.
Vitrine des races de l’Ouest et conservatoire génétique, l’Écomusée de la Bintinais joue un rôle majeur pour la préservation, la connaissance et la promotion des races locales menacées.
Avec les partenaires scientifiques et les associations de races, l’écomusée est engagé dans une double mission de conservation du patrimoine culturel et de la biodiversité domestique régionale. Il constitue également un pôle de soutien à l’activité des réseaux de conservation. Lieu de recherche ethno-zootechnique, l’écomusée contribue à la connaissance des rapports entre l’homme et l’animal à travers des expositions et des publications.
La Bretagne ne compte que deux races de poules, issues du bassin de Rennes : la Coucou de Rennes et la Noire de Janzé. Ces deux races fermières mixtes (viande et œufs) ont connu une solide réputation nationale liée à la qualité de leur chair.
Dans l’agriculture vivrière bretonne, la basse-cour est un appoint alimentaire pour la famille ainsi qu’un complément de ressources par la vente sur les marchés.
Pour les palmipèdes, ce sont les marges de la Bretagne qui fournissent des races issues de Normandie ou de l’estuaire de la Loire.
Autrefois abondante dans le pays de Rennes, la race doit sa sauvegarde à l’écomusée qui retrouva les derniers spécimens à la fin des années 1980. Réputée pour sa qualité, cette volaille connaît aujourd’hui une renaissance.
Race locale traditionnelle originaire de Janzé, à 25 km au sud-est de Rennes, elle est certainement le vestige d’une population de « Gélines » noires qui peuplaient l’Armorique autrefois.
Cette race ancienne de l’Ouest, devenue rare, est dotée de très courtes pattes qui lui valent son nom. Elle est réputée comme pondeuse et surtout comme bonne couveuse.
C’est une des races françaises les plus anciennes dont les couleurs chatoyantes sont proches de celles du coq sauvage d’Asie, le Bankiva, considéré comme l’ancêtre de tous les gallinacés domestiques.
Également appelé canard de Challans, il trouve son origine dans le Marais Breton, en Vendée et dans l’estuaire de la Loire. Il est issu d’un croisement entre des canes locales et des canards migrateurs (probablement des colverts).
Elle est issue des oies communes qui peuplaient les cours des fermes normandes et bretonnes depuis des siècles. C’est là qu’elle trouve l’herbe grasse nécessaire à son élevage et à ses qualités gustatives.
Dès l’Ancien Régime, l’agriculture vivrière bretonne se consacre à la production laitière et chaque petite ferme dispose de 2 ou 3 vaches dont le lait est transformé en beurre vendu sur les marchés.
Cette singularité bretonne se renforce au 19e siècle avec l’accroissement des surfaces cultivables et des cheptels. Les populations bovines locales, bien adaptées au climat et aux terrains pauvres, sont conservées et sélectionnées pour donner les races qui subsistent aujourd’hui.
Cette petite vache, très rustique et sobre, est emblématique d’une Bretagne laitière et beurrière avec son lait très riche en crème. La race occupait la moitié sud de la région, du Finistère à l’embouchure de la Vilaine.
Cette race est issue du croisement, au 19e siècle, entre les populations bretonnes et la race anglaise Durham pour en améliorer le format. Cette race mixte (lait et viande) occupait le centre-Bretagne.
La race doit son nom à sa robe froment (blonde). Comme la Bretonne Pie Noir au sud, la Froment est l’ancienne race laitière-beurrière de la Bretagne nord. Son lait riche en matière grasse produit un beurre doré, riche en carotène.
Cette vache est issue de l’ancienne population bovine vendéenne et poitevine. Elle est adaptée aux prairies inondables et peuplait l’estuaire de la Loire, l’est du Morbihan et la vallée de la Vilaine.
En Bretagne, la traction est assurée par les bœufs et c’est au 19e siècle que les petits chevaux bretons, appelés bidets, sont croisés pour améliorer la population équine déjà réputée pour sa force et son endurance. Ainsi naît le cheval de Trait Breton dont les qualités vont engendrer un élevage très actif et des exportations massives.
Les ânes se rencontrent essentiellement sur la côte et chez les marchands de l’intérieur. Inaptes à la traction lourde, ils sont absents du monde agricole mais leur rusticité et leur faible coût d’entretien les font préférer pour les activités de portage et les petits métiers ambulants.
Cette race de trait réputée est issue du croisement du bidet breton – petit cheval indigène très rustique – avec des étalons Norfolk anglais au 19e siècle. On distingue deux types : le trait et le postier.
Animal sobre et de petite taille, l’âne est utilisé pour des travaux d’endurance (bât et labours légers) jusqu’au 19e siècle qui verra le cheval le supplanter.
L’élevage du porc est lié à la production laitière-beurrière des petites exploitations bretonnes traditionnelles. L’engraissement d’un ou deux porcs constitue l’appoint alimentaire carné indispensable pour la famille tandis que les porcelets sont vendus sur les marchés proches et apportent un petit revenu supplémentaire.
Les qualités requises, jusque dans les années 1960, étaient la productivité, le caractère maternel et la docilité. Autant de qualités indispensables au pâturage en plein air des porcs et à leur rentabilité.
C’est une race très ancienne du Grand Ouest, de type celtique – à oreilles tombantes – issue de la fusion des races Craonnaise, Normande et Flamande en 1958.
La race fut obtenue au 19e siècle par croisement du porc Normand avec la race anglaise Berkshire. Cette dernière, toute noire et gantée de blanc lui vaut ses tâches sombres.
L’élevage des chèvres et des moutons reste marginal dans l’agriculture bretonne traditionnelle, consacrée à l’élevage bovin laitier et à la polyculture. Les petits cheptels de moutons fournissent la laine, indispensable aux vêtements, et un appoint alimentaire. Leur présence est plus marquée dans les landes et les marais où les pâturages « communaux » compensent la faible surface des exploitations.
La race était localisée dans le Grand Ouest, de la Manche au nord des Pays de la Loire. Sans grande fonction agricole, la chèvre des fossés, aussi dite « des talus », fut l’animal providentiel des plus pauvres et des « sans-terre ».
Cette race, connue pour sa très petite taille, est issue du littoral breton et de ses îles où les pâturages des dunes et des landes rases offraient un maigre fourrage à cette population ovine adaptée à des conditions difficiles.
Contrairement aux moutons littoraux, la race des Landes de Bretagne occupait l’intérieur de la péninsule armoricaine où elle pâturait sur les landes et les friches. Cette nourriture plus riche explique son meilleur développement physique.
Cette population relique est issue du métissage de la population ovine bretonne avec des moutons flandrins arrivés avec leurs propriétaires chargés de poldériser certains secteurs de la Bretagne Sud au 18e siècle.
Cette race ovine est originaire de la Manche et réputée pour ses qualités dès le 18e siècle. Elle fut améliorée au 19e par croisement avec des béliers anglais de races Dishley, Kent et surtout Southdown.