Le cidre fut longtemps la production majeure de La Bintinais, avant le lait et le beurre. Ce commerce lucratif visait les nombreux consommateurs urbains, à une époque où il constituait la boisson populaire indispensable à la vie familiale, professionnelle et à la convivialité.
Pour fournir les 100 000 litres de la production, pas moins de 1000 pommiers peuplaient les terres de La Bintinais. Il faut dire que de la caserne aux nombreux cafés à cidre, il en fallait des fûts et des livraisons pour ravitailler la ville. Avec de tels enjeux économiques, la qualité des variétés de pommes faisait la différence et chaque exploitation veillait à assurer une production de qualité issue des « pommages », c’est-à-dire des assemblages pratiqués par les paysans. Au début du 20e siècle, l’Ille-et-Vilaine était le premier département producteur de pommes en France et l’on y comptait plus de 200 variétés différentes, la plupart issues de la sélection empirique pratiquée par les paysans et d’autres sélectionnées par les sociétés d’agriculture et de pomologie, ou encore par les écoles d’agricultures de la région rennaise.
L’Écomusée de la Bintinais a perçu dès sa création, en 1987, la nécessité de conserver les variétés locales qui disparaissaient au rythme de l’abattage des vergers du bassin de Rennes. Ici comme ailleurs, le patrimoine fruitier s’érodait gravement et nécessitait une enquête ethnobotanique et une récolte de sauvegarde dans les campagnes rennaises. Pas moins de 120 variétés de pommes peuplent ainsi les vergers conservatoires, qu’elles soient destinées aux jus ou à la table. Le choix de prés-vergers, avec des arbres en « haute-tige », répond ici au souci de perpétuer les usages et les paysages ruraux d’Ille-et-Vilaine. Ces ressources génétiques sont disponibles aujourd’hui pour les particuliers et les artisans cidriers en recherche de goût et de typicité en réaction à l’uniformisation des productions liée à l’intensification agricole des années 1960.